Nous n’avons pas le droit d’être pessimistes !

GetAttachment.aspxPar Charles Nollet, Head of Markets and Investment Solutions Crédit Agricole Private Banking

La légère embellie conjoncturelle ne peut faire oublier l’ampleur des défis qui nous attendent, notamment eu égard à la difficulté de réduire le fameux ratio dette / PIB, alors que  les mesures « non conventionnelles» des banques centrales sont au mieux jugées comme une stratégie visant à gagner du temps, au pire comme un risque majeur pris sur la stabilité future de notre éco système. De la Grèce à l’Espagne, de l’Italie à la Belgique, l’endettement public n’a cessé d’augmenter malgré les efforts demandés à la population et nonobstant des taux d’intérêt très bas qui ont le mérite de limiter les paiements d’intérêt sur cette dette.

Devant l’apparente inutilité de ces efforts,  il est aisé de céder au pessimisme, d’autant que les évolutions démographiques n’augurent rien de bon quant aux charges à payer pour les retraites et la santé, largement non provisionnées.  La force de l’euro ne favorise pas une relance par les exportations, faisant peser le risque d’une croissance durablement atone. On ne sait plus que faire pour résoudre cette crise qui, à force de n’en pas finir, en appellera d’autres.

Céder est souvent synonyme de repli sur soi, d’aversion au risque, de colère mal placée. Nous avons besoin d’optimistes, de ceux qui, au départ d’une prise de conscience de la réalité, osent affronter les difficultés,  et pour ce faire pratiquent l’ouverture d’esprit.  Je veux voir dans l’optimiste celui qui « opte », qui va au-delà des freins ou blocages. S’agissant de nos économies  vieillissantes, endettées et chères à vivre, l’optimiste n’hésite pas à bousculer les conventions pour avancer. Je vous livre dans ce premier billet d’humeur quelques exemples de réflexions inspirées de la logique « thinking outside the box ».

Sur la « fatigue » de nos sociétés : certes, l’évolution démographique de notre population entraîne de facto une difficulté accrue de perpétuer l’organisation et les modalités actuelles de notre sécurité sociale (pensions et santé). Mais le vieillissement est aussi source de nouveaux besoins et demandes, terreau fertile pour de nouvelles offres de biens et services, expertises que nous devrions avoir l’ambition d’exporter (après tout la Chine elle aussi vieillit !).

Sur l’endettement, et par-delà les situations personnelles difficiles, avouons que la déductibilité des charges d’intérêt (voire de capital) incite  à l’endettement des ménages et des entreprises. Annonçons dès aujourd’hui leur suppression progressive, de sorte que l’on évite les bilans déséquilibrés, l’envolée factice des prix immobiliers et les crises qui en résultent (cfr le cas récent des Pays-Bas). L’argent ainsi économisé au niveau de l’Etat peut être plus utilement investi dans la formation ou l’innovation. Reconnaissons aussi que les mesures collectives d’endettement sont en partie une « illusion statistique » en ce qu’elles sont additionnées alors qu’elles ne le devraient pas toujours. Ainsi, si 100 ménages contractent chacun un emprunt hypothécaire de 800 pour un achat immobilier de 1000, l’endettement global est certes de 80 000. Mais si l’institution financière exporte son risque de crédit en émettant elle-même par titrisation une obligation de 80 000 basée sur ce « portefeuille de créances »,  l’endettement au niveau de la société a doublé, alors même que les risques sont (à peu près) identiques. Cessons de nous faire peur avec des ratios gonflés artificiellement et reconnaissons que nos sociétés ne manquent ni de capitaux ni de richesses, seule leur utilisation pêche.

Sur la cherté de la vie,  faisons nôtre l’approche « JUGAAD » des pays émergents (ici l’Inde)  qui ont contourné leur faible pouvoir d’achat par une capacité à créer des biens et services dont le coût défie toute concurrence, dont l’utilité est pensée en fonction des besoins réels du consommateur (et non du superflu). Que ce soit une éolienne, une voiture ou un instrument d’imagerie médicale, les pays émergents se mettent en situation de nous vendre ces biens, sauf à ce que nous changions de mentalité et acceptions de les produire et les consommer, que diminuer notre train de vie n’est pas nécessairement diminuer notre qualité de vie.

Comme nous le rappelle avec à-propos la ligue des optimistes, dont la composition du comité d’honneur ferait pâlir d’envie bien d’autres clubs plus connus, Tolstoi n’a-t-il pas dit « Si vous voulez être heureux, soyez-le ! ».  L’avenir n’est pas noir, il est simplement nôtre ! Il faut cesser de rêver, la croissance économique ne sera pas forte demain et l’inflation ne sera pas là pour résoudre nos problèmes d’endettement. Nous aurons donc besoin d’optimistes, de vrais !

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