Taux d’intérêt réels négatifs : le casse-tête de l’épargnant

Par CBC Banque

L’épargnant a du souci à se faire : non seulement les taux d’intérêts nominaux actuellement offerts sur les placements « sans risque » sont très faibles mais surtout les taux d’intérêts réels sont devenus négatifs en raison de l’inflation. L’épargne perd en fait de sa valeur en termes de pouvoir d’achat. Et ce phénomène de taux réels négatifs pourrait bien perdurer dans les années à venir. En comprendre les causes et les conséquences est un préalable à la recherche d’alternatives de placement permettant de maintenir la valeur réelle de son épargne.

Définissons tout d’abord de manière simplifiée les notions fondamentales de taux nominal et taux réel.

Le taux d’intérêt nominal est le taux brut calculé sur le capital placé au départ.

C’est par exemple pour un compte d’épargne le taux affiché et, éventuellement, une prime de fidélité. Dans le cas d’une obligation, il s’agit du coupon (en n’oubliant pas que le rendement brut n’équivaut au coupon que si l’obligation est acquise à un cours de 100%).

Le taux d’intérêt net tient compte du précompte mobilier (taxe) qui grève le revenu d’intérêt brut.

Le taux d’intérêt réel s’obtient approximativement en déduisant le taux d’inflation  du taux d’intérêt net.

Exemple

On constate que les trois placements considérés présentent un taux d’intérêt réel négatif pour l’année 1. On peut conclure qu’aux conditions actuelles, le compte d’épargne ne maintiendra le pouvoir d’achat du capital déposé que si l’inflation des 12 prochains mois est inférieure au taux net dégagé de 1,91%.

Remarquons toutefois que le taux d’inflation actuel ne se maintiendra peut-être pas au même niveau pendant les 12 prochains mois. Cette dernière donnée, qui ne sera connue que dans un an, permettra de calculer exactement le taux réel net d’un placement d’une durée d’un an effectué aujourd’hui.

Les taux réels négatifs ne sont  toutefois pas une mauvaise affaire pour tout le monde. Parmi les bénéficiaires, on pense surtout aux Etats qui peuvent emprunter à des taux nominaux inférieurs au taux d’inflation ce qui leur permettra à terme de diminuer la valeur réelle de leur dette. Dans le contexte économique actuel de crise, les Etats ne devraient pas laisser échapper cet adjuvant à l’assainissement des comptes publics d’autant qu’il ne rencontre pratiquement aucune opposition. Les taux réels négatifs pourraient donc devenir la norme au cours des prochaines années.

Que peut faire l’épargnant pour protéger à terme la valeur de son capital dans ce contexte de taux réels négatifs? Une seule réponse : épargner moins et investir plus, c’est-à-dire accroître l’exposition au risque de ses placements.

Outre les investissements censés protéger contre l’inflation à long terme tels les matières premières (l’or par exemple) ou l’immobilier, notre épargnant – devenu investisseur prudent – pourra se tourner vers d’autres actifs financiers. En effet, tout en restant dans des placements à échéance fixe (la date de récupération du capital investi est connue), il existe deux grands leviers de risque permettant en principe d’améliorer le rendement de ses investissements: allonger la durée des placements ou augmenter le risque crédit.

  1. Allonger la durée des placements

Dans une configuration normale de marché, plus la durée du placement est longue, plus le taux d’intérêt offert augmente.

Dans l’exemple ci-dessus, nous voyons que l’Etat belge a proposé simultanément un taux de 2,35% pour son bon à 5 ans et de 3,10% pour celui à 8 ans.

En optant pour des durées plus longues, on risque évidemment de passer à côté d’une éventuelle hausse des taux, notre argent étant bloqué pour une certaine durée. Si, par contre, les taux devaient stagner ou baisser au cours des prochaines années, ce choix serait gagnant.

  1. Augmenter le risque crédit des placements

Placer son argent, c’est le prêter à une institution (un Etat, une banque, une entreprise,…) Or, toutes ces institutions ne jouissent pas du même crédit et ne peuvent en conséquence pas se financer aux mêmes conditions.

L’Etat allemand par exemple, considéré comme l’un des plus solides au monde, peut emprunter à 10 ans à des taux proches de 1,75%. L’Etat italien, nettement plus endetté, doit payer 5,75% pour la même durée. Acheter des obligations d’Etat italiennes permettra d’obtenir un rendement supérieur… mais avec un petit risque de ne pas récupérer la totalité de son capital à l’échéance.

De même, avec les obligations d’entreprises, on peut moduler le rendement que l’on vise en fonction du risque crédit que l’on est prêt à prendre. Il convient alors de ne pas oublier la règle de base en matière d’investissements à risque : diversifier !