Alors qu’il n’a pas présenté de programme fort au niveau économique, Barack Obama aura du pain sur la planche dès le début de son mandat. Premier problème à résoudre : le fiscal cliff (falaise fiscale). De quoi s’agit-il ? Lors de son dernier mandat, George W. Bush avait réussi à conclure un accord concernant des réductions d’impôts conséquentes, un accord qui vient à échéance en janvier 2013. Sans décision contraire du Congrès, si le fiscal cliff n’est pas prolongé en janvier, la facture concernant l’extinction de ces mesures de soutien à l’économie s’élèvera à 600 milliards de dollars, ce qui pourrait créer un choc suffisant pour plonger l’économie américaine en récession.
Or, aujourd’hui, la composition du Congrès n’est pas modifiée, les démocrates tiennent le Sénat et les républicains, la Chambre des représentants. Personne ne peut dire, aujourd’hui, ce qu’il va se passer mais il semblerait que, rationnellement, on se dirigera vers un accord qui pourrait se focaliser sur les changements de taux de taxation ou sur la diminution des déductions autorisées.
D’un point de vue macroéconomique, la croissance attendue aux Etats-Unis en 2013-2014 devrait être de l’ordre de 2%. La politique monétaire restera, selon toute probabilité, accommodante et les opérations de quantitative easing (QE) devraient être maintenues. Le dollar devrait se maintenir à un niveau faible. Quant aux risques d’inflation, ils ne semblent pas être à l’ordre du jour avant 2015.
Au niveau des marchés, les mesures de taxation des plus-values sur capital qui sont annoncées devraient pousser les marchés à la baisse en décembre. La victoire d’Obama est plutôt favorable aux secteurs de la santé et des énergies renouvelables. Par contre, elle est plutôt préjudiciable aux secteurs de l’armement, aux entreprises pétrolières et aux entreprises qui procurent des hauts dividendes car une taxation sur les dividendes est à l’agenda.
En Europe, le tableau est plutôt sombre. La période de rééquilibrage économique prendra encore du temps et l’on ne perçoit pas le bout du tunnel avant 2014. Au niveau du chômage, l’Europe enregistre des taux record de 11% et de 12% dans la zone euro. On enregistrera une baisse de croissance pour 2012. En 2013, la croissance devrait être atone et les prévisions tablent sur une reprise de croissance en 2014 avec des taux entre 1,4% pour la zone euro et 1,6% pour l’Union. La situation de l’Espagne va en s’aggravant. Le déficit public espagnol devrait atteindre les 8% du PIB en 2012 et 6% en 2013. La France part, elle aussi, à la dérive, une dérive budgétaire. Alors qu’elle est censée passer sous la barre des 3% pour son déficit public en 2013, elle devrait afficher un déficit public de 3,5% en 2013 et en 2014.
Comment s’en sortir ? Par des politiques budgétaires adéquates, des réformes structurelles pour relancer la croissance et diminuer le chômage. Une vraie quadrature du cercle dans la mesure où tout nouveau plan d’austérité risque de faire exploser la marmite sociale dans bien des pays.
Au niveau des pays émergents, dans une récente étude, Axa Investments Managers relève que la conjonction de faibles pluies en Asie et de la sécheresse d’été aux États-Unis et en Russie a affecté la production agricole et provoqué une forte augmentation des prix internationaux des produits alimentaires. Cela engendre un risque haussier des perspectives d’inflation dans les pays émergents. « Un choc sur les prix alimentaires mondiaux affecte de façon similaire l’inflation dans tous les pays émergents, tandis qu’un choc sur les prix internationaux de l’énergie se traduit par une inflation bien plus élevée en Amérique latine, où la politique monétaire se resserre davantage, après un choc sur les prix des matières premières. Dans le contexte actuel, nous prévoyons que l’impact sur l’inflation d’une hausse des prix alimentaires serait modérée », souligne Manolis Davradakis, analyste chez AXA IM.
Dans ce contexte global, l’indice de confiance des investisseurs a chuté en octobre. « Sur le plan mondial, la confiance des investisseurs institutionnels est à son niveau le plus bas depuis la création de l’indice en 1998. Le niveau relevé aujourd’hui est inférieur de 1,5 point aux dernières données les plus basses enregistrées en octobre 2008. Les investisseurs institutionnels continuent d’afficher dans leurs portefeuilles un désir prononcé d’orienter leurs allocations vers des investissements obligataires et des titres de trésorerie au détriment des actions, et cette inclination, qui s’apparente presque à une tendance lourde, s’est renforcée dans la récente correction des marchés », relève M. Froot de chez State Street.
Il faut donc que l’orage passe même s’il semble durer longtemps mais ne dit-on pas qu’après la pluie vient le beau temps ?