Ce mois de septembre se caractérise à la fois par des pressions déflationnistes issues de la crise du crédit qui continuent de peser sur l’activité économique globale et par les nouvelles injections monétaires illimitées promises par la BCE pour soutenir les pays en difficulté de la zone euro. Ces injections sont cependant soumises à une condition : que ces pays se soumettent à une supervision et à une guidance pour encadrer leurs finances publiques. L’Europe semble désormais vivre au rythme du roulement de la planche à billets.
Et cela a des conséquences sur les marchés. « Lors de chaque nouvelle injection de liquidités, les actifs risqués ont surperformé sous l’impulsion des valeurs financières. Parallèlement, les investisseurs sont devenus de plus en plus conscients des effets secondaires potentiels. Par exemple, au cours des 12 derniers mois, une très grande corrélation a été observée entre la performance relative des valeurs financières mondiales et le prix de l’or. Chaque fois que les cours des banques et des compagnies d’assurances ont fortement augmenté, le prix de l’or a flambé. Et vice versa. Ce n’est pas difficile à comprendre. Après chaque nouvelle injection de liquidités, les risques ont diminué pour les institutions financières, mais le risque perçu pour l’inflation future a augmenté », note Ad Van Tiggelen, Senior Investment Specialist chez ING Investment Management.
Les analystes de Carmignac Gestion soulignent quant à eux que « la production industrielle a baissé en juin de respectivement 6,9%, 8,2% et 2,3% en Espagne, Italie et France, et s’est même infléchie, pour la première fois depuis début 2010, en Allemagne (-0,3%). Par ailleurs, 74 milliards d’euros de dépôts ont encore quitté les banques espagnoles en juillet. En dépit de leurs efforts, l’Italie et surtout l’Espagne risquent donc toujours l’asphyxie à brève échéance si leurs coûts de refinancement ne se normalisent pas rapidement ».
Suite à la crise financière, on constate un désamour des investisseurs vis-à-vis des actions. Mais cela pourrait évoluer. « L’équilibre capital et délicat entre les actifs nominaux (refuges) et les actifs réels (plus risqués) au sein des portefeuilles pourrait commencer lentement à glisser … en faveur des derniers », note Ad Van Tiggelen.
Malgré cet avis et dans un contexte incertain, les analystes de chez Fidelity avouent encore sous-pondérer les actions et encore largement sur-pondérer les obligations en portefeuille. Ces gestionnaires sur-pondèrent les Etats-Unis, sous-pondèrent l’Europe et sont neutres sur les pays émergents. « Nous avons commencé à sur-pondérer les actions américaines en avril 2011 en raison d’une politique qui appuie la croissance et en raison des espoirs de reprise dans les secteurs bancaire et immobilier. Nous sommes neutres sur les émergents car les valorisations et les révisions en matière de bénéfices sont relativement bonnes mais le momentum est moins propice. Nous préférons sur-pondérer les émergents quand il y a une bonne synchronisation dans l’économie au niveau global », soulignent les analystes de Fidelity.
La situation reste donc encore fragile sur les marchés dans une économie qui peine à retrouver le chemin de la croissance.