L’incapacité des élus grecs à constituer un gouvernement repose à nouveau la question de la sortie de la Grèce de la zone euro. Et si Mario Monti poursuit son assainissement budgétaire en Italie, son homologue espagnol Mariano Rajoy arrive difficilement à maintenir le cap de son objectif. Résultat de cette impasse : les taux espagnol se sont de nouveau envolés.
Dans ce climat de crainte dans la zone euro, les marchés boursiers frissonnent et se replient. « La correction boursière devrait, toutefois, être contenue. N’oublions pas que la zone euro s’est dotée depuis le dernier trimestre 2011 d’un dispositif d’urgence destiné à venir en aide, le cas échéant, aux pays qui rencontreraient des problèmes de financement », estime Thierry Masset, Chief Investment Officer chez ING Belgium. En France, l’élection de François Hollande ne devrait pas déstabiliser le marché. « Nous anticipons que les dirigeants européens, à commencer par la Chancelière Angela Merkel, sont prêts à mettre davantage l’accent sur des stratégies de croissance, à condition que le pacte fiscal lui-même ne soit pas remis en question. Notre fil directeur est la renégociation du Pacte de Stabilité (devenu « et de Croissance ») qui résulta de la victoire inattendue d’une coalition menée par les socialistes aux élections législatives de mars 1997. Ainsi, nous ne pensons pas que le nouveau leadership français relancera la crise « existentielle » de l’euro, du moins pas dans l’immédiat », notent Eric Chaney et Manolis Davradakis de chez AXA IM.
On peut cependant s’attendre à ce que les marchés obligataires analysent scrupuleusement le budget 2013 de la France et réagissent en cas de mécontentement. Aujourd’hui, les protagonistes de la récession se heurtent aux supporters de la croissance. La question qui se pose désormais dans ce climat délétère : faut-il restreindre ou dépenser plus ?
Du côté américain, les chiffres macroéconomiques sont mitigés. Dans ce contexte global, les analystes d’Edmond de Rothschild Asset Management restent positifs sur les actions des pays émergents (en privilégiant l’Amérique Latine et l’Europe émergente). « Nous avons une préférence pour l’Amérique Latine car cette région offre une combinaison attrayante entre les dépenses de consommation intérieure et une forte exposition aux matières premières». Quant aux Chinois, ils finalisent un atterrissage en douceur de leur économie.
D’un point de vue global, la situation aujourd’hui est meilleure qu’il y a un an. A une exception près : l’Europe. « Cette région fait face à des conditions économiques graves et l’environnement économique reste hasardeux et sujet à une incertitude politique », souligne Bob Doll, de chez BlackRock.
Tous les yeux sont tournés vers le Sud de l’Europe car cette région concentre toutes les incertitudes du moment. La sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus un tabou et est désormais envisageable avec toutes les conséquences affolantes que cela entrainerait pour ce pays et avec l’onde de choc qu’elle provoquerait immanquablement sur toute la zone Euro. L’été risque d’être à nouveau très chaud… sur les marchés.