La Revue : Pas d’inflation en vue

En cette fin d’année, il est difficile de passer à côté des prévisions économiques pour 2013. Nombre d’économistes, tels des prophètes investis d’un grave message, entreprennent d’esquisser ce que pourrait être l’année 2013. Peut-on se fier à ces prédictions ? Peut-être oui, peut-être non. On peut certes les écouter mais en sachant garder une certaine réserve et une grande prudence.

La première question qui se pose dans l’immédiat est l’issue du fiscal cliff faux Etats-Unis. « Le président Obama a proposé une nouvelle combinaison d’augmentations d’impôts et de faibles réductions des dépenses gouvernementales à long et moyen terme mais la proposition a vite été évacuée par les républicains. A leur avis, les plans du président sont trop lourds en termes d’augmentations d’impôts et sont trop légères du côté des diminutions des dépenses et requièrent que le Congrès s’attaque au contrôle de la dette publique. Une relative embellie peut être vue du côté de la Maison Blanche qui a envoyé un signal indiquant qu’elle pourrait se montrer plus flexible sur la façon dont l’augmentation des impôts s’appliquerait sur les plus hauts revenus. Les négociateurs à la maison blanche pourraient se satisfaire d’une sorte de terrain d’entente sur base de taux d’imposition qui se situeraient entre ceux de l’ère Clinton et ceux qui ont sévi après les baisses d’impôts de Bush », estime Russ Koesterich, managing Director chez Blackrock. Bien que les démocrates et les républicains ne s’entendent pas sur un accord, on pourrait donc entrevoir un accord partiel et, peut-être, un report d’échéance qui ne serait cependant pas propice aux investissements des entreprises qui n’aiment guère l’incertitude.

Du côté européen, doit-on craindre l’inflation ? « Pour l’instant, nous sommes en situation de répression financière. L’inflation pourrait être considérée comme une des solutions aux importants endettements des états. Personnellement, je ne crois pas à un retour de l’inflation dans un avenir proche. Les salaires sont et resteront bas et les prix du pétrole restent à la baisse. De plus, avec le niveau actuel des taux d’intérêts réels, nous n’en avons pas besoin », note Charles Nollet,  Member of the Executive Commitee du Crédit Agricole Luxembourg. Cet avis est partagé par Ad van Tigelen, Senior Investment Specialist chez ING Investment Management. « Bien sûr, il y a une possibilité que l’utilisation de la presse à billets par les banques centrales (assouplissement quantitatif) finisse par peser sur la valeur de l’argent. C’est une crainte qui est surtout présente chez les Allemands, qui ont toujours en mémoire l’inflation galopante de 1923. Néanmoins, alors que les États-Unis affichent une croissance inférieure au potentiel et que l’Europe connaîtra vraisemblablement une période de croissance faible, voire nulle en 2013 et 2014, il est probable que les liquidités injectées par les banques centrales seront plutôt épargnées que dépensées », ajoute cet expert. Les taux d’intérêts seront maintenus à des niveaux très faibles rendant la diversification des portefeuilles en-dehors de la classe obligataire high grade indispensable si l’on veut aller chercher du rendement dans un environnement où la croissance sera atone.