Les femmes dans les entreprises familiales : une diversité non négligeable !

Qu’elles soient chefs d’entreprise ou filles, mères, conjointes d’un chef d’une entreprise familiale, les femmes jouent un rôle important dans la naissance, la vie et la transmission d’une entreprise de ce type.

C’est souvent lors de la transmission d’une entreprise familiale que surgissent des émotions ou des non-dits sous-jacents à la famille. « Il existe des entreprises familiales de 15 à 4.200 personnes qui sont gérées par un père qui considère encore que c’est le fils ou d’abord les fils qui devront reprendre la société. Ce n’est pas toujours dit clairement mais on le sent dans leur manière d’être. C’est un non-dit véhiculé malgré lui, une sorte d’évidence non sujette à discussion. Le père ne met pas en place un lieu, un moment pour discuter de sa succession. Ce genre de comportement m’effraye » regrette Valérie Denis, Directrice-Adjointe à ICHEC-PME.

Cependant, les mentalités évoluent et le rôle des femmes dans les entreprises familiales prend de l’importance. Il y a des moments, dans la vie familiale ou dans la vie de l’entreprise, qui sont marqués du sceau des femmes. Filles, mères, femmes, elles jouent souvent un rôle dans la continuité du projet industriel. « Je prends régulièrement comme exemple le rôle des filles aînées dans les familles d’entrepreneurs. Elles ont un profil particulier. Nous avons vu des cas de filles aînées parties faire carrière en-dehors de l’entreprise et y revenir pour le sauvetage de la société. Elles sont mues par un sens du devoir particulier » note Valérie Denis. Ces filles aînées issues d’entreprises familiales développent des qualités qui leur sont propres : elles se mettent en mouvement par sens du devoir et sont conscientes de leur compétence. Elles sont rapides, efficaces, multitâches et organisées. « Elles sont capables de se servir des deux parties de leur cerveau. Dans nos auditoires, nous les repérons. Elles ont un profil particulier et ce sont souvent elles qui viendront relever l’entreprise familiale en détresse » souligne Valérie Denis.

Le rôle des femmes en tant que mères est également central dans une entreprise familiale, particulièrement au moment où la transmission est évoquée. « Les mamans, surtout non-actives, sont là pour garantir la liberté de choix des enfants, particulièrement si un enfant se croit obligé de succéder à son père mais qu’il n’en a pas envie » constate Valérie Denis. Ces mères jouent un rôle de médiateur au sein de la famille entre les attentes du conjoint et les rêves des enfants. Les femmes ont une vision à long terme. Les mamans permettent la pérennité de l’entreprise à la fois par le respect des valeurs et par le respect de la personne. Il s’agit d’un canal de médiation au sein de l’entreprise qui démontre toutes les qualités de la diversité.

Le rôle de la femme en tant qu’épouse est multiple. Souvent, elle se consacre à l’éducation des enfants dans une famille entrepreneuriale. Le mari peut compter sur elle dans ce domaine. Elle éduque les enfants dans le respect du travail et des générations passées tout en leur laissant la liberté d’évoluer selon leurs capacités et leurs envies. « En tant qu’épouses, les femmes sont aussi ambassadrices et conseillères pour leur mari. Elles reçoivent à dîner les futurs cadres et émettent leur avis de façon discrète. Même s’ils ne le reconnaissent pas toujours, les maris tiennent compte de cet avis ». On constate aussi que les femmes s’occupent, en général, du budget à la maison. Alors que le mari s’occupe de l’entreprise, elles prennent soin de la gestion patrimoniale de la famille. « Elles sont souvent elles-mêmes filles d’entrepreneurs ou d’indépendants. Elles ont observé leur famille et en reproduisent le schéma dans une certaine continuité » relève Valérie Denis.

Il y a enfin les femmes chefs d’entreprises familiales. Le caractère entrepreneurial n’est plus, aujourd’hui, une question de genre. Autrefois, le fait d’être mère et entrepreneur était difficile mais, aujourd’hui, on voit que cela change : les femmes font des études, elles ont la possibilité d’être ce qu’elles veulent être. « Nous voyons beaucoup de femmes créer leur entreprise dans tous les domaines et à tout âge. Il y a aussi des femmes qui créent leur entreprise par obligation : après un divorce, par exemple. Elles doivent s’assurer d’un revenu et n’arrivent pas à se réinsérer sur le marché de l’emploi. D’autres se lancent sur des coups de cœur alors que certaines ne croient pas encore à leur potentiel et nous devons leur venir en aide » ajoute Valérie Denis.

A tous les échelons, les femmes jouent donc un rôle dans les entreprises familiales, un rôle qui est bénéfique pour la société sachant qu’aujourd’hui, les entreprises familiales représentant 77% de toutes les entreprises en Belgique. Elles génèrent 45% du niveau de l’emploi et 55% du PIB.

Cet article est rédigé par la Banque Degroof