A la recherche d’un nouveau paradigme

Chaque crise économique donne ses lettres de noblesse à un paradigme de la pensée économique. La dépression des années 1930 a popularisé la pensée keynésienne avec les vertus de la dépense publique comme force contra-cyclique à l’effondrement de la demande privée. L’inflation galopante des années 1970 a promu le monétarisme et l’indépendance des banques centrales pour combattre une inflation à deux chiffres. Le néo-libéralisme américain sous Reagan et Thatcher était avant tout une réaction aux excès du néo-keynésianisme.

La crise de 2008  rend les choses plus compliquées car le néo-libéralisme et le néo-keynésianisme sont renvoyés dos à dos en raison de leurs excès respectifs. La Banque Centrale Américaine (la FED) a laissé se former des bulles spéculatives et les marchés livrés à eux même n’ont pas démontré leur capacité d’autorégulation tandis que le keynésianisme permanent à conduit à des excès d’endettement. La politique monétaire est aujourd’hui dans une trappe à liquidités, c’est-à-dire que l’augmentation des liquidités ne se traduit pas par une augmentation de la demande finale. La politique budgétaire a quant à elle  conduit à mettre en péril la signature des Etats.

Il faut donc trouver un nouveau cadre de pensée pour stimuler la croissance économique pauvre en emploi dans les pays développées et trop faible pour rendre les dettes publiques soutenables. La banque centrale a également un rôle décisif à jouer en matière de stabilité financière. La banque centrale européenne n’agit pas de la même façon que la banque centrale anglaise ou américaine. Le rôle des banques centrales n’est en aucun cas gravé dans le marbre mais correspond avant tout à un choix politique. La mise en œuvre d’une nouvelle politique économique dans la zone euro passera également par la redéfinition du mandat de la BCE.

Les actions européennes n’apparaissent pas chères au vu de la moyenne des 15 dernières années mais cette période correspond à un contexte de liquidités abondantes et bon marché. Les marchés actions sont à la recherche d’un nouveau régime de valorisation en liaison avec un nouveau paradigme économique. Aussi le rebond durable des marchés actions dans les prochains mois ne dépend pas des bénéfices mais de la construction de cette nouvelle politique économique.

Cet article est rédigé par Dexia Asset Management